Je suis un enfant du Darfour

Mohamed a quitté le Soudan en 2016. Il se livre dans une poésie poignante qui ne cache pas la tristesse de l’exil et l’horreur de la guerre.

Le ciel est riche en argent bleu et les gens dorment.
Le nuage est rempli de l’eau des pauvres.
Le soleil est suspendu sur Darfour et flirte avec la paresse.
L’âme est chaleureuse et les gouttes des roses ont une odeur délicieuse.

Darfour, ville désormais triste, envahie par l’horreur.
Darfour, où toutes les rues sont vides des rituels de joie.
Où les maisons ont enterré leurs habitants et continuent leur silence éternel.

Darfour, les matins pleurent, les soirées sont pleines de pâleur et de cicatrices.
Où les saisons sont mauvaises et le temps est long.

Darfour, le ciel est rouge et se resserre.
Il reste seulement des trous par lesquels des poignards déchirent le corps des roses.

Darfour, tu commences maintenant à énoncer l’épopée de tes événements et quand je me tourne vers toi.
Je ne porte qu’un manteau de témoin et je rêve d’un lendemain meilleur.

Viens vers moi, ô joie sans limites, emmène-nous sur tes genoux remplis de jardins et de pluie et de céréales.
Aussi forte qu’une balle au fond de moi, je désire, par mes sentiments d’un amour palpitant, ton sol sacré.
De tout ce que je dis, je dessine des voix et des images, mélange de gémissements.

Darfour, inconnu par ceux qui te piétinent avec ce qu’ils portent.
Ceux qui te connaissent, ravagés par la guerre qu’ils vivent et l’exil, les difficultés et les déplacements.
Ces jeunes enfants du Darfour ont grandi avec le son des armes, la douleur, les piqûres, la fièvre, les contractions et la sécheresse de la gorge.