La prison, un chemin vers Dieu
Comment peut-on penser que la détention soit un chemin vers un lieu, plein d’amour et de miséricorde ? Il suffit, pour cela, d’écouter les personnes détenues et leur témoignage de guérison au travers de leurs épreuves difficiles de la détention.
Pour les personnes détenues, guérir, c’est une mise en route, ce n’est pas spontané, c’est peu à peu reprendre pied sur le chemin de vie. En les écoutant, on constate que leur chemin de vie passe par la traversée des ténèbres où vivre et mourir se confondent.
Avec Izaak, personne détenue du centre pénitentiaire de Caen, derrière la peur de mourir se cachait la peur de vivre.
Isaac n’emploie pas le mot « guérison », mais son témoignage nous parle d’une guérison non explicite à l’œuvre dans sa vie.
Lorsque je suis arrivé en détention, je n’avais plus confiance en moi. Les questionnements se bousculaient dans ma tête : « Est-ce que je suis une bonne personne par rapport à ce qui s’est passé ? » Cette période a été très compliquée, je n’arrivais pas à faire le lien entre l’acte posé et moi-même. J’avais beaucoup de peur en moi : « qu’est-ce que mes proches vont penser de moi ? quels regards vont-ils poser sur moi ? » J’avais peur que ma famille me rejette.
La psychologue et l’aumônière que je vois régulièrement m’ont permis d’avancer par rapport à mes peurs. Peu à peu, j’ai repris confiance en moi, j’ai compris que la personne ne se résume pas à un acte.
Aujourd’hui, j’ai pris de la hauteur je me suis penché sur le pourquoi j’ai fait cela, j’ai découvert que plusieurs éléments ont fait que j’ai posé cet acte, que je regrette. Lorsque j’ai compris tout cela, ce fut un soulagement.
Je suis resté 3 ans sans voir mes enfants, ce fut une grande souffrance. J’ignorais comment ils allaient réagir, lorsqu’ils ont vu la police m’emmener, j’avais tellement de peur en moi. Mes enfants sont venus me voir en détention.
J’étais prisonnier de ma culture, je ne parlais pas à mes enfants, je ne leur faisais pas de bisous, je ne les prenais pas dans mes bras.
Depuis ma détention, j’ai changé d’attitude envers eux, je dialogue avec chacun, je les écoute. Je veux dire que la prison, pour moi, a été un mal pour un bien. Mon passage en prison m’a été bénéfique. C’est paradoxal. Certes, je suis enfermé, mais, ici, je travaille, je passe des examens, je fais des projets pour l’avenir, j’ai confiance.
La prison, c’est un lieu dur : l’enfermement, la privation de liberté, l’isolement, être loin de sa famille, être face à soi-même, avoir toujours les mêmes pensées. Il faut éviter de tourner en rond, les repas sont toujours les mêmes, nous cantinons les mêmes choses, les mêmes odeurs. C’est une dure épreuve. Soit tu plonges, soit tu changes, cela dépend de toi, si tu te prends en main en confiance.
Témoignage extrait de « La Lettre de l’aumônerie catholique des prisons », juin 2023
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