Portrait de Bruno et Roseline La Salle, nouveaux modérateurs de la Communion St Lazare
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
(Jean d’Ormesson)
La Communion St Lazare fait partie de la Pastorale du deuil, un des cinq éléments de la Diaconie du Var. Elle accompagne les familles en deuil depuis Pâques 1998, date de sa fondation par Mgr Madec ; le témoignage de la présence du Christ et la compassion de la communauté chrétienne sont les deux faces de son action. Prêtres, diacres et laïcs, une quarantaine environ, sont ensemble au service des familles en deuil par la prière et la célébration des obsèques dans les divers lieux funéraires du diocèse – notamment les crématoriums de Cuers, La Seyne/mer, Vidauban et Saint Raphaël.
Après les obsèques, il est important de visiter les familles et de les inviter à la messe mensuelle pour tous les défunts du mois, à Toulon et à Vidauban. Les membres de la Communion St Lazare sont à la fois relais et serviteurs de l’Eglise locale, et s’efforcent d’orienter les personnes rencontrées à l’occasion d’un deuil vers leurs paroisses ou les services et mouvements du diocèse susceptibles de les accueillir pour les aider à poursuivre le chemin.
Bruno et Roseline LA SALLE ont été nommés « modérateurs » de cette association il y a peu de temps, pour être à l’écoute des autres membres de la communion St Lazare, de leurs soucis, de leurs expériences, des difficultés éventuelles. Ils évoquent la rencontre, il y a deux mois, avec Mgr Touvet qui avait réuni tous les intervenants de la Communion St Lazare : un partage magnifique dans une confiance réciproque. Comme le dit si bien Bruno, il faut être « une pierre de gué » qui aide à traverser le deuil, il faut parler des défunts.
Qui sont-ils ?
Bruno et Roseline sont toulonnais depuis 1979. Lui, né à Berlin, elle à Paris où ils se sont rencontrés et ont commencé leur vie à deux… et plus. Après des études à la Pitié-Salpétrière, Bruno s’est installé comme médecin généraliste et gériatre. Et tandis que son mari terminait ses études, Roseline travaillait comme secrétaire au Ministère de l’Industrie. Ils ont trois fils : l’un est médecin et le deuxième, ingénieur et commercial dans le domaine de l’énergie. Quant au troisième, il œuvre dans le magnifique métier de tailleur de pierre.
Ils ont 7 petits-enfants dont une, la petite Estelle, n’a pas eu le temps de connaître la vie. Son souvenir, très présent et entretenu par la famille, est inscrit à la grotte de la Ste Baume sur une petite plaque de marbre.
Car la Sainte-Baume a été le premier lieu, en France, dédié à la mémoire des enfants non-nés ; il s’appelle «le Chemin de la Consolation » et il abrite maintenant plus de 1.000 plaques en souvenir d’enfants morts avant leur naissance, que ce soit à la suite d’une fausse-couche, d’une grossesse extra-utérine, d’une interruption médicale de grossesse ou d’un avortement. Le premier mur, installé en 2014, est complet. Un nouveau mur recevant les plaques mémorielles a été inauguré en octobre 2024. Une manière de confier à la tendresse de Marie, Notre-Dame de Consolation, les enfants non nés et leurs familles, « afin que la miséricorde et la paix emplissent leurs cœurs ». Ne pas voir vivre un enfant est une souffrance inconsolable.
L’idée d’un lieu de prière pour tous les enfants morts avant leur naissance avait été émise par saint Jean Paul II dans les années 1980, après qu’il se soit rendu dans un mémorial pour les enfants non nés au Japon. Depuis, de plus en plus de paroisses et de sanctuaires installent au cœur de leur église un chemin de consolation. Le « Chemin de la Consolation » de la Sainte-Baume va du Calvaire à la grotte où vécut Marie-Madeleine, et ce pèlerinage (qui permet de donner de la visibilité à ces enfants) est émaillé de paroles et de méditations.
Ces « petits » ont souvent, dans des temps précédents, été comme effacés de la mémoire de leurs familles. On demandait ainsi que leur nom ne soit plus prononcé « pour ne pas faire de peine à Papa et Maman » et cette omerta était dure à vivre pour la fratrie et les proches. Que de questionnements dans la tête de frères et sœurs souvent très jeunes…
Roseline et Bruno vont à Lourdes depuis de très nombreuses années, au pèlerinage du Rosaire. Lourdes, un lieu d’où l’on ne « rentre pas chez soi comme avant ».
Ils sont paroissiens de Saint-Georges, à Toulon, boulevard Pierre Curie. Paroisse très vivante où Roseline s’investit beaucoup, dans l’équipe liturgique, l’organisation de moments festifs, etc… Elle se fait très discrète sur sa participation à la mission de modérateurs qui leur a été confiée : elle dit accompagner son époux et rester un peu en retrait des responsabilités. Dans ce verbe « accompagner », on devine dans le filigrane un soutien sans faille existant depuis de bien nombreuses années.
Bruno a pris sa retraite depuis 7 ans, mais il parle de sa vie de médecin avec enthousiasme et beaucoup d’émotion, des jours et des nuits de garde, des visites dont il ressortait souvent bouleversé, des heures qu’il ne comptait pas. Son épouse était partie prenante de cette vocation, comme elle reste maintenant partie prenante de cette mission humaine et souvent douloureuse qu’est l’accueil des personnes en deuil.
Ce moment de partage avec Bruno et Roselyne a été intense, fraternel et si simple. Il y a comme cela dans la vie, des personnes auprès de qui on se sent tout de suite devenir meilleurs !
Il est évident que dans ce domaine très particulier, la bonne volonté ne fait pas tout, et qu’il est nécessaire de suivre une formation et de partager son expérience. Pour que ce que vit chacun puisse profiter à tous. Mais c’est avec le cœur qu’il faut assumer cette mission.
Laissons à Bruno les mots de la fin :
« Ma foi est encouragée par l’accompagnement des familles en deuil. C’est toujours un temps d’écoute, d’échange, d’expression des traumatismes et des bonheurs vécus dans l’histoire du défunt et de son entourage familial, conjugal, social, professionnel et spirituel. C’est un chemin de réconciliation et de pardon. »
« Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile,
c’est doux la nuit, de regarder le ciel. » Antoine de Saint-Exupéry
Aline RACHEBOEUF
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