Témoignage d’Elvira, missionnaire d’espérance venue d’Ukraine

journée mondiale du migrant et du réfugié 5 octobre 2025 à sainte jeanne d'arc

Elvira Pavlenko est ukrainienne, elle est arrivée en France en 2022 après avoir fuit la guerre. Lors de la journée mondiale du migrant et du réfugié, qui a eu lieu le dimanche 5 octobre, elle a partagé son témoignage, rempli d’espérance malgré les difficultés. 

 


 

TÉMOIGNAGE – MIGRANTS, MISSIONNAIRES D’ESPÉRANCE

 

Je m’appelle Elvira Pavlenko, j’ai 26 ans et je viens d’Ukraine.
J’ai grandi à Kharkiv, une grande ville de près de deux millions d’habitants, située à seulement trente kilomètres de la frontière russe.
Là-bas, j’ai obtenu un master en commerce international, et je travaillais dans un magasin. J’aimais ma ville, ma famille, mes amis, ma vie…
Jamais je n’aurais imaginé la quitter.

Mais le 24 février 2022, tout a basculé.

Ce matin-là, je me réveille plus tôt qu’à l’habitude : la guerre a commencé.
D’abord, je crois à une blague… puis j’entends les tirs d’artillerie, les sirènes, et je comprends que plus rien ne sera comme avant.
Je passe mes premières nuits dans le métro de Kharkiv, par terre, entourée d’enfants qui pleurent, de chiens terrifiés, de familles entières cherchant à survivre dans le froid et le bruit des bombardements. Pendant plusieurs semaines, j’ai vécu sous les bombes, sans savoir si le lendemain existerait.

Puis, un jour, j’ai compris que le premier sens de la vie, au milieu du chaos, c’était simplement de survivre.

Alors j’ai quitté ma ville natale, avec l’espoir de trouver un endroit sûr. Le voyage fut long, dangereux, parfois inhumain. Quand nous avons traversé les Carpates, essayant de trouver un endroit où il n’y a pas de bombardements, j’admire notre nature.

Qui peut vraiment détruire cet endroit pittoresque en lançant des bombes ? Pour quelle raison?

Le but est de remarquer les détails. Auparavant, les gens ne voyaient pas l’intérêt de profiter du silence, mais quel grand sens cette activité a pris après avoir vécu au son des bombardements et des sirènes. Et même si vous n’aimez pas le silence, il vaut bien mieux profiter du chant des oiseaux que du bruit des « oiseaux de fer » des avions ennemis.

J’ai connu la peur, la trahison, et même la violence de ceux qui auraient dû protéger. Mais j’ai aussi rencontré des gens qui m’ont aidée à me relever, qui m’ont redonné la force de continuer.

Et là, j’ai trouvé un deuxième sens à mon existence : se battre pour les autres, pour ceux qu’on aime, et pour ceux qu’on a perdus.

Après des jours et des nuits dans les trains, les gares, les abris, je suis finalement arrivée en France, à Arras, en avril 2022. J’espérais que la guerre soit derrière moi, que la paix me rende ma vie.
Mais une autre bataille commençait : celle de l’intégration.
Tout était nouveau, compliqué : la langue, l’administration, le travail, la solitude. J’ai rencontré des regards d’indifférence, parfois des préjugés. Mais j’ai aussi rencontré des personnes formidables, des familles, des bénévoles, des collègues, des amis qui m’ont ouvert leur porte et leur cœur. Grâce à eux, j’ai appris à croire à nouveau. Petit à petit, j’ai retrouvé ma place :
J’ai repris mes études à Amiens, puis à Aix- Marseille. J’ai travaillé dans les différentes domaines. J’ai eu l’honneur de parler à la Commission Européenne, dans les médias français,
et même lors d’une conférence TEDx, Et j’ai cofondé une association, UPAFU, pour aider les Ukrainiens en France et en Ukraine.

Ces expériences m’ont appris une chose essentielle :
L’intégration, c’est une rencontre.
Ce n’est pas seulement apprendre la langue ou trouver un travail.
C’est être accueilli avec respect, regardé comme une personne, pas comme un numéro ou un étranger.

Je sais que beaucoup d’Ukrainiens ont du mal à trouver leur place ici. Difficultés de langue, reconnaissance des diplômes, logement, emploi… Mais malgré tout, la majorité d’entre nous reste reconnaissante envers la France. Nous ne sommes pas venus par choix, mais par nécessité. Et si un jour la paix revient, beaucoup rêvent de rentrer chez eux.

Alors, je veux adresser un message simple :
Ne restez pas indifférents.

Quand vous croisez quelqu’un qui cherche son chemin, qui parle mal français, ou qui dépose un CV avec la mention “nationalité ukrainienne” — ne détournez pas le regard. Derrière chaque nom, il y a une histoire, une compétence, un espoir.

Aujourd’hui, je vis entre deux pays, deux cultures, deux langues. Mais j’ai compris que la migration, malgré la douleur, peut aussi être une renaissance.
C’est apprendre à transformer la peur en courage, la perte en force, et la différence en richesse.

Merci à la France pour son accueil,
merci à tous ceux qui m’ont tendu la main,
et merci à vous de m’avoir écoutée.
Gloire à l’Ukraine, et vive la France !

 

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