Thème 1 : Un art de vivre en frères – Témoignage

Rappel : pour chaque thème, on vous propose :

• Un passage d’Évangile et une méditation proposée par l’un des groupes de partage de la Parole de personnes précaires
• Un témoignage
• Une invitation à une journée « Portes ouvertes » pour découvrir une réalité et des informations pratiques sur les autres visites proposées dans la crédenciale

Thème 1 : UN ART DE VIVRE EN FRÈRES

Témoignage

AMERGA

De l’Éthiopie, en passant par les rues de Toulon à l’accueil de jour des amis de Jéricho, Amerga est devenu passeur d’Espérance

Amerga est venu d’Éthiopie à Toulon. Il est resté sans papier dans les rues jusqu’à ce qu’il entre dans la Cathédrale. Accueilli par les sœurs, bénévoles aux Amis de Jéricho, tout s’est enchainé et c’est lui maintenant qui accueille dans cette association.

Premiers pas à Toulon

« Je suis né en Éthiopie à Addis-Abeba, la capitale du pays.
Je suis arrivé en France en 1999, et j’ai vécu comme sans-papiers à Toulon. Comme je ne savais pas où aller,
je me suis baladé dans la ville et je suis entré dans la cathédrale. Des sœurs m’ont reçu là devant la porte, elles faisaient l’accueil. Elles m’ont dit d’aller voir aux Amis de Jéricho. C’est mon tout premier contact à Toulon. »

Les amis de Jéricho est un accueil de jour pour personnes de la rue, tenue par une association de la diaconie du Var.

« Et puis voilà, je suis allé aux Amis de Jéricho. J’ai mangé un repas chaud. J’ai été conforté par les sœurs qui m’ont accueilli, car elles étaient bénévoles là-bas. Et puis, petit à petit, j’ai commencé à avoir des contacts avec les gens autour de moi. Ils étaient sympas envers moi et ils m’ont bien accueilli. »

« Et puis, petit à petit, j’ai commencé à les aider, j’ai participé aux activités et puis j’ai rejoint la troupe de théâtre. »

Voyage de l’Espérance à Lourdes

« A Jéricho, j’ai vu une annonce comme quoi il y avait un voyage à Lourdes qui était proposé par le diocèse. J’ai demandé à participer à ce voyage de l’espérance. C’était pour moi une belle occasion de me reposer et en même temps de trouver mon chemin, parce que j’ai vécu pas mal de temps comme sans-papiers. C’était aussi l’occasion pour moi de prier et de revenir vers Dieu. Et puis vraiment d’espérer que quelque chose se fasse dans ma vie. C’était tellement dur pendant ce temps-là !

A Lourdes, j’ai rencontré beaucoup de monde. Quelle joie et allégresse ! Oh c’était beau l’expérience là-bas. Je me suis senti accueilli, je faisais partie de la famille. »

Insertion professionnelle

« Et au retour, j’ai continué à servir aux Amis de Jéricho. Et puis j’ai eu l’occasion de travailler au SAMU social, comme veilleur de nuit. Petit à petit, je commençais à voir ma situation évoluer. Ceci s’est fait grâce au soutien de beaucoup de gens : les bénévoles du Secours Catholique, des prêtres, des sœurs, qui ont traversé ma vie.
Mes papiers ont pu être régularisés et ainsi tous mes soucis sont partis.
Et en 2004, j’ai signé un contrat avec les Amis de Jéricho comme animateur, et depuis ce jour-là, je travaille là-bas.
Je pense que j’ai eu de la chance Je peux dire que je suis content de tout ce qui s’est passé, tout finit bien pour moi. »

« Je suis heureux du travail que je fais à Jéricho, heureux d’aider les autres, tous ceux qui passent par le même chemin que moi. Parce que moi, j’ai galéré. J’étais sans-papiers, j’étais dans la rue. Mais depuis, j’ai aidé beaucoup de gens à trouver la joie, la paix. Je veux les soutenir, leur donner un sourire, les accueillir. Ça m’a beaucoup aidé et j’y ai trouvé beaucoup de joie ! »

Bâtir une famille

« Et puis entre temps en 2015, j’ai rencontré une fille qui habitait en Éthiopie, mais qui était partie à Dubaï. On s’est marié et ce fut le deuxième plus beau jour de ma vie. Dieu m’a donné une femme, qui a grandi comme moi en Éthiopie. Je suis heureux de l’avoir rencontrée. Elle est venue me rejoindre ici à Toulon. Et ma vie est merveilleuse ! »

« Et j’ai maintenant un fils qui a huit ans. Dieu nous a bénis avec lui. »
« Tout ça, pour moi, c’est la gloire de Dieu qui s’est manifestée sur moi, qui m’a bénie et qui continue à me bénir. Et moi, je suis joyeux et reconnaissant envers les autres et envers Dieu, en tout cas, pour ce qu’il a fait dans ma vie. »

Relecture de son expérience

« Il ne faut pas s’arrêter dans la vie. Il faut continuer à prier, il faut croire en Dieu et il faut espérer. Et puis, si on a le temps, il faut aider les gens aussi, c’est bien.  Et puis Dieu va nous rendre beaucoup de belles choses, comme il a fait pour moi.
Je pense que j’ai eu de la chance d’avoir beaucoup de gens autour de moi qui m’ont soutenu, qui étaient là pour moi. Je me rappelle des gens qui m’ont soutenu tout au long de mon voyage et ceux qui continuent à me soutenir ici. Pendant que j’étais dans la rue, des personnes étaient là derrière moi et ils m’ont protégé. Je veux continuer dans ce chemin, continuer à aider les autres et à faire de belles choses avec les autres : artistiques, culturelles ou spirituelles. »

 « Qu’est-ce que la diaconie t’a apporté ? »

« La diaconie, c’est le voyage à Lourdes qu’on a préparé, c’est les rencontres de la paroisse le dimanche. Ça m’a aidé à oublier toutes les souffrances que j’avais vécues. Et les personnes de la diaconie, elles m’ont aidé à prier, à devenir ce que je suis. En tout cas, je n’oublierai pas les gens qui m’ont aidé, du petit secrétaire jusqu’au grand évêque. Ceux qui font partie de la diaconie, mais aussi ceux qui priaient pour moi ou qui s’inquiétaient pour moi. »

« La diaconie c’est le chemin qui nous aide à rencontrer Dieu et la fraternité. Surtout la fraternité, c’est très important dans ce monde où l’on voit beaucoup de choses difficiles. Maintenant le monde est trop séparé, trop fracturé. Je pense que la diaconie a un rôle à jouer pour construire l’espérance, construire la fraternité, construire l’amour, construire la joie entre les gens. La diaconie aide à trouver le chemin. Donc, il faut continuer à suivre le chemin de la diaconie et puis participer aux évènements. C’est très important pour rester en contact avec Dieu. »