L’Espérance selon les mots et l’expérience de Kalil, Guinéen

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L’Espérance est « une assurance faite d’une petite lumière traversant les obscurités de la vie », selon Jacques Nteka Bokolo. Kalil, guinéen qui réside désormais en France, aborde ce thème à partir de son histoire migratoire.

Mon nom est Kalil, je viens de la Guinée. J’ai quitté mon pays dans des conditions difficiles pour venir en France afin de sauver ma vie qui était menacée et qui mettait en danger celle de ma famille à cause de mes opinions politiques et dissidentes. J’étais alors étudiant en master en marketing en Guinée, études que j’ai dû abandonner au pays pour prendre le chemin de l’exil en catimini.

De Conakry à Bruxelles en passant par Paris, avec un visa étudiant, mon périple m’a amené à Aubagne aux portes de la Légion étrangère. Malheureusement j’ai été recalé à l’étape des aptitudes physiques, je n’étais pas prêt. Finalement j’ai décidé de m’inscrire à l’université où j’ai pu décrocher une licence d’économie gestion et un master en management durable des ressources humaines. Je l’ai fait à la fois pour honorer ma mère qui m’a toujours soutenu et aussi parce que j’étais animé d’un profond désir : celui de participer à mon niveau au changement tant souhaité par mes concitoyens.

Dans la foulée j’ai écrit 2 essais regroupant les causes de nos difficultés en Guinée, évoquant aussi des solutions pour y remédier ou du moins essayer d’atténuer les maux dont nous souffrons. Je pense en particulier à cette hémorragie migratoire qui saigne à blanc mon pays par la fuite de la jeunesse et des cerveaux qui constituent la force et l’intelligence moderne de la Guinée.

Durant mes études, j’ai subi les problèmes quotidiens de tout étudiant étranger en France mais à la fin de mes études je me suis retrouvé dans une situation complexe et difficile à cause d’une part d’un problème administratif en France et d’autre part à cause d’un mandat de recherche émis à mon encontre par la justice de mon pays depuis mon exfiltration. Cette situation m’a poussé à faire valoir mon droit à l’asile, mais ayant un titre de séjour étudiant auparavant et ayant séjourné plus de 3 mois sur le territoire sans introduire aucune demande de protection, je n’avais plus les mêmes droits que les autres. Donc ma situation était singulière, avec un profil atypique.

C’est ainsi que tout le long de la procédure j’ai été touché par la souffrance, la faim par moment, la douleur et j’ai connu la peur. La bulle de protection qui me couvrait durant mes études venait de m’exploser à la figure emportant avec elle mon espoir et mon autonomie. Je me suis retrouvé à la rue loin des miens et dans un pays lointain. Je me suis senti abandonné, privé de toute aide matérielle d’accueil accordée aux demandeurs d’asile. J’ai été brisé par cette situation et inquiet pour mon avenir. J’ai même perdu la foi en Dieu. J’étais désespéré.

Me rendant à la Cimade pour trouver une solution à mes problèmes, j’ai connu par hasard l’association Welcome Var par le biais d’une affiche. Cette association vient en aide aux demandeurs d’asile. J’ai pu contacter l’association, j’ai été reçu, bien accueilli et j’ai été placé dans une famille d’accueil puis dans une deuxième. Je tiens à vous dire publiquement merci. A travers vous tous, j’ai ainsi retrouvé le goût de vivre et l’espoir grâce à votre hospitalité et votre générosité. J’ai aussi retrouvé la foi que j’avais perdue par désespoir. Vous m’avez soutenu dans cette épreuve.

A travers ces faits, j’ai finalement compris que le plus souvent, c’est dans des périodes difficiles que Dieu s’illustre et aussi en me rappelant les conseils donnés par ma mère le jour de mon départ :

  • Souviens-toi que quels que soient tes problèmes, il y a toujours pire ailleurs
  • Ne doute jamais de la miséricorde de Dieu
  • Dieu aime les gens patients
  • N’oublie jamais que son secours n’arrive qu’en travaillant et que sa délivrance arrive après l’endurance.

Ces paroles m’ont permis de tenir et ont alimenté mon Espérance.

J’ai donc décidé de me reconstruire en allant de l’avant, malgré le poids du stress et de l’angoisse que générait ma situation. Pour rajouter à mon stress, certaines personnes n’arrêtaient pas de me prédire l’échec de ma demande d’asile. Je me suis reconstruit grâce à ma force de résilience couplée aux conseils de ma mère, en me rapprochant des autres et en me forçant à voir les choses autrement.

Cette résilience m’a amené à découvrir de nouveaux réseaux, à m’inscrire dans des associations pour faire du bénévolat, notamment à Welcome Var pour donner par moment des cours d’alphabétisation aux demandeurs d’asile mais aussi aux Restos du cœur et à la Ressourcerie de la Rade. J’ai aussi multiplié mes pratiques sportives et j’ai abordé le reste de ma procédure d’asile avec plus de sérénité en essayant de mener une existence paisible.

En fin de compte et malgré les coups reçus, j’ai été admis au bénéfice du droit d’asile et obtenu mon statut de réfugié ! Tout ceci illustre bien que : « L’espérance est bien la dernière chose qui meurt dans l’homme ».

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Dans le diocèse, la diaconie propose différentes initiatives pour rejoindre chacun au cœur de ses souffrances. Maladie, pauvreté, solitude, deuil ou exclusion sont autant de situations difficiles qui peuvent être vécues avec le Christ dans la fraternité, l’écoute, la compassion et la solidarité.

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