Je suis élève infirmière et je vais mourir

Témoignage pasto santé 4 Je suis élève infirmière

« Je suis élève infirmière et je vais mourir.

J’écris cette lettre à vous toutes qui vous préparez à devenir infirmières dans l’espoir de vous faire partager ce que je ressens, afin qu’un jour vous soyez peut-être mieux capables d’aider les mourants.

J’ai encore à vivre entre un et six mois, un an peut-être mais personne n’aime aborder ce sujet. Je me trouve donc en face d’un mur solide et désert qui est tout ce qui me reste. Le personnel ne veut pas voir le malade mourant en tant que personne et par conséquent ne peut communiquer avec moi. Je suis le symbole de votre peur, quelle qu’elle soit, de votre peur de ce que pourtant nous savons que nous devrons tous affronter un jour.

Vous vous glissez dans ma chambre pour me porter mes médicaments, ou prendre ma tension et vous vous éclipsez une fois votre tâche accomplie.

Est-ce parce que je suis élève-infirmière ou simplement est-ce en tant qu’être humain que j’ai conscience de votre peur et je sais que votre peur accroît la mienne ?

De quoi donc avez-vous peur ?

C’est moi qui meurs.

J’ai conscience de votre malaise, mais je ne sais que dire ni que faire. Mais je vous prie de m’en croire si vous vous souciez de moi, vous ne pouvez pas me faire de mal. Admettez seulement que vous avez ce souci : je n’ai besoin de rien d’autre. Bien sûr, il nous arrive de demander pourquoi et à quoi bon, mais nous n’espérons pas vraiment qu’on nous donnera la réponse. Ne vous sauvez pas. Patientez. Tout ce que j’ai besoin de savoir, c’est qu’il y aura quelqu’un pour me tenir la main quand j’en aurais besoin.

J’ai peur.

Peut-être êtes-vous blasées sur la mort : pour moi c’est nouveau.

Mourir ça ne m’est encore jamais arrivé.

C’est en quelque sorte une occasion unique. Vous parlez de ma jeunesse, mais quand on est en train de mourir on n’est plus tellement jeune. Il y en a des choses dont j’aimerais parler. Ça ne vous prendrait pas tellement de temps, de toutes façons vous en passez pas mal dans la maison. Si seulement nous osions avouer où nous en sommes et admettre, vous comme moi, nos peurs, est-ce que vraiment cela vous ferait déchoir de votre précieuse compétence professionnelle ? Est-il vraiment exclu que nous communiquions comme des personnes, de façon qu’à l’heure où ce sera mon tour de mourir à l’hôpital, j’aie auprès de moi des amies ? »

Lettre d’une élève infirmière anonyme

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